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La maison Robert
Nous avons reçu les photos d'un voyageur et nous en avons fait la synthèse historique.
Sombre, ultra sombre, ultra-ultra sombre. Si je devais décrire cet endroit en un seul mot, ce serait celui-ci. Si glauque que ça en devient mémorable... C'est une maison qui m'a été indiquée par Raïou, que je remercie vivement.
Cette habitation est localisée dans un petit village isolé. On y vient probablement pour du tourisme, mais pas là exactement : pas en ce hameau excentré. Venir ici, c'est venir pour Robert et soudainement mettre sa mémoire en lumière.
Quelle lumière, tant la maison est noire ?
C'est probablement un incendie qui a tout noirci. Pourtant, nulle trace de papier brûlé ou quoi que ce soit de consumé. Là-dessus, on ajoute une maison aux conditions radicalement spartiates. Pas la peine de chercher la salle de bains. C'est très très très à l'ancienne, Robert se lavait au seau. En est-ce plus mal ? Certainement pas. Mais chose sûre, en certains jours d'hiver, qui plus est ici au gré de plateaux froids, ça devait être dur.
Fin de la recette ? Vous ajoutez dix ans d'abandon sauvage. Des toiles d'araignées de partout, formant des draperies noircies, le tout dans un désordre total et de très épaisses couches successives de moisissures.
Peut-on dire que c'est sale ? Non certainement pas. Il s'avère en contrepartie que l'on s'acharne quelque peu à ne rien vouloir toucher.
La maison en indivision est dans un état de délabrement tel que la mairie a pris un arrêté.
De Robert, ultra-solitaire, on ne sait rien. Tout au plus on devine. D'après quelques photos, on comprendrait qu'il était berger, ce que dans notre patois cévenol, on appellerait un pastre. Le fauteuil roulant encore présent laisse à penser que les derniers jours ont dû être carrément difficiles.
Il est né dans cette petite ville et décédé en septembre 2015 à Pradelles, plus que probablement à la maison de retraite.
Sa tombe est localisée au petit cimetière de la ville. Il est seul. Une plaque nous apprend qu'il fut ancien combattant. Combien de destins comme ça, dans l'immense isolation et dans l'absolue désolation ? Combien de maisons totalement fermées, dans un même état de dégradation ? Combien de destins, comme Robert, dont il ne reste pour ainsi dire plus aucune mémoire ?
