La maison Ségolène
Nous avons reçu les photos d'un voyageur et nous en avons fait la synthèse historique.
Voici une visite d’une maison abandonnée qualifiable de quasiment improvisée. Un ami me dit : tu es dans cette ville, connais-tu cette maison taxidermiste ? Alors que je disposais d’un paquet de points de prospection, navigant entre échecs et réussites, celle-ci m’était pour le moins inconnue. Le détour s’avère comment dire… je prenais mon repas de midi, huit cent mètres. Hallucinant, si proche... J’y vais de ce pas.
D’emblée je vois que si je souhaite ne déranger personne, il va falloir gérer un vis-à-vis avec le voisinage totalement prédominant. Du coup je me fraye un passage dans la végétation. C’est une maison qualifiable de relativement moderne, années 70. Une pelle carrée bloque la porte d’entrée. Je la prends et grâce à elle, glissée sous la porte, bloque l’entrée de la maison. Je suis animé d’un mauvais pressentiment, je ne me sens pas paisible en ce lieu. Squat, probablement.
Il s’agissait de la maison de Joseph. De par son nom de famille très répandu, trouver des informations à son sujet revient à peu près au même que de rechercher sur Pierre Dupond ou Michel Martin.
Il est né en 1931 et décédé en novembre 2008 à l’âge de 77 ans. L’abandon de la maison a donc assez probablement quinze ans. De par sa situation plutôt discrète et son voisinage proche, elle a connu un vandalisme relativement limité. Les derniers calendriers viennent corroborer la date. Les divers post-it témoignent, l’on s’en doute, des difficultés de vivre âgé : coordonnées de médecins, d’infirmières, de labos, etc…
Joseph était un grand chasseur apprécié de sa fédé. Ce sont les uniques traces personnelles que l’on retrouve de lui. Il fait peu de doute qu’il ait eu une fille et un garçon comme enfants. Il travaillait à Areva, sur un vaste site de l’énergie atomique. D’après les documents dans la maison, il serait assez logique qu’il y ait fait toute sa carrière.
Joseph était-il amoureux de Ségolène Royal ? Diverses affiches politiques, datées et de plusieurs tendances, émaillent les murs. Cet homme était un lettré c’est chose certaine. Un petit pépé bien sympathique, c’est ce que l’on ressent en visitant cette maison pétrifiée d’abandon. En repartant, je replace la pelle telle quelle, un peu soulagé de quitter j’avoue, sans trop savoir ce qui avait pu générer ce sentiment d’oppression.
Dans l’immédiat, nous n’avons pas localisé sa sépulture. C’est une question de délais et cela sera inévitablement long. Toutefois c’est et ce sera un indispensable.