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La ferme Yvonne
Voici la visite d’une grande ferme vinicole, réellement splendide, chargée d’histoire. Par malheur, le lieu commence à être connu et de surcroît, c’est isolé. De ce fait, les déprédations ne manquent pas. Reste que, fouillant l’habitation de fond en comble, j’ai pu trouver un peu de documentation.
Lors de mon passage, il soufflait un mistral du tonnerre, et du coup c’est bien dommage, je n’ai pas pu faire un survol en drone de la ferme. Puisque de toute façon je devrai aller chercher la tombe des protagonistes, ce ne sera que partie remise. Du fait du vent, les portes claquaient de partout. Ca faisait peur ! Si vous trouvez des cales à chaque porte, vous savez pourquoi !
La ferme était le siège d’un vaste domaine vinicole bien connu dans la région. Les bâtiments annexes possèdent un chai à vin ainsi qu’un gros pressoir. Le domaine quant à lui est dévoré par la végétation. Un vieux tracteur Renault série 10 est arrêté sous le porche du mas, quasiment comme une décoration. Les vignobles sont bouffés par les adventices et se perdent peu à peu.
Le vignoble était une indivision. Il était dirigé par Jean. Sous réserve d’homonyme (et ce n’est pas évident), il serait décédé en mars 1986 à 72 ans.
Prenait part à la gestion de l’établissement Edouard, ingénieur agronome à Montpellier. Il est décédé en avril 1998 à l'âge de 84 ans. Ancien combattant, ancien résistant, il a été médaillé Reconnaissance de la Nation et de la Croix du Combattant de l'Europe.
Le dernier proche du domaine était Jean-Louis, extrêmement connu dans le secteur. L’ancien chef de travaux et caviste était Justo, décédé en janvier 2020. En automne 2020 fut lancée une procédure de liquidation judiciaire de l’entreprise. En 2016, la marque déposée du domaine ne fut pas renouvelée.
Les ancêtres de ce domaine : Louis et Yvonne. Ce sont les personnes pour qui nous retrouvons le plus de documentation. Au sujet d’Yvonne, de nombreux courriers anciens laissent comprendre qu’elle avait des liens familiaux avec Vichy dans l’Allier.
Nous avons localisé de nombreux documents adressés à Louis, qui en 1945 était Lieutenant-Colonel au 38ème régiment d'infanterie. Personnage central, pilier de ce vieux mas multiséculaire, cette personne a joué un rôle important durant la seconde guerre mondiale. Il est né en octobre 1886. Il s’est marié en 1912 avec Louise Yvonne précitée. Louis fut nommé officier de la Légion d'Honneur, Grand Aigle Blanc de Serbie. Il était un ancien professeur à l'école de guerre à Paris puis ensuite attaché à l'Etat Major du Président de la République Gaston Doumergue.
Ils ont eu pour enfant Edouard, précité de même, né en 1913.
J’ai retrouvé de nombreuses traces de Monique, qui « pourrait » avoir été une nièce d’Yvonne. Elle est décédée en novembre 2023 à 79 ans. Jean-Louis, dernier proche du domaine, était le frère de Monique.
La raison de l’abandon de ce mas ne nous est pas connue, mais au travers de la lecture de cette grande saga généalogique, on se rend bien compte d’une seule conclusion plutôt plausible : il n’est plus de famille pour le gérer, et ce ne fut pas vendu. Dès lors s’abattent sur l’abandon les déprédations habituelles, on connaît la musique.
De manière étonnante, nous avons retrouvé des caisses et des caisses de livres neufs de Sophie Arasa. Elle est décédée en décembre 2015 à Montpellier. Qu'est-ce qui a pu mener ces livres ici ? Mystère le plus complet.
C’est donc un grand domaine et un sacré bloc d’histoire. L’histoire et les recherches vont continuer.
