Tchorski
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La discothèque des Cariatides

C'est une boîte de nuit en état d'abandon, que je connaissais depuis des années de manière théorique. Que dire de plus : simple point sur une carte, rien de plus, la suspicion d'un lieu pour le moins insipide, dégradé, bref ni plus ni moins un no-go de l'urbex. De plus, le lieu s'avère ultra visible depuis l'autoroute et l'abandon n'est à vrai dire plus réellement criant : c'est un hurlement. Les façades sont ultra taguées côté autoroute, c'est un véritable massacre.

Il s'agit d'un bâtiment qui fut construit expressément en vue de la boîte de nuit, et non comme quelquefois une maison transformée, qui fut bar à la mode du moment puis discothèque. De ce fait, l'architecture est celle d'un vite-fait semi-industriel ; l'on suspecte ni plus ni moins de vastes hangars devenus vides et un vandalisme ultra extrême.

Tout cela pour dire que le lieu est pour le moins surprenant. Lorsque j'entre sur la piste de danse, la remarque fuse : ah mais c'est ici ?! J'avais déjà vu ce spectacle curieux sur les réseaux associaux et le bonheur soudain pointe son nez : mais mazette, ça a de l'âme et c'est beau !

La grande piste de danse comporte une grande statue centrale qui d'emblée donne un ton certain à la visite, mais c'est à droite, dans une salle plus obscure, que se trouve le clou du spectacle. Toutes les colonnades sont des femmes dans des postures plus ou moins érotiques.

Elles donnent une impression d'inspiration de la Grêce antique. Sont-elles des Cariatides, sont-elles des Danaïdes ? Aucunement, toutes sont la création d'un artiste, qui les a fait sortir du plâtre exclusivement pour la création de la boîte de nuit. Un exploit, ni plus ni moins.

Elles sont toutes inquiétantes, levant une espèce d'attirance que l'on ressent comme dangereuse. Derrière subsiste un éléphant, bien que massacré par le vandalisme, encore présent. Le DJ jouait dans un gros camion, à ce jour disparu pour l'éternité.

En ce lieu, que peut-on dire d'autre qu'il y eut une inspiration folle, laissant un goût plaisant. Les exploitants eurent une bien fameuse idée.

Aujourd'hui le lieu est grand ouvert, livré aux pillages les plus divers, ce n'est que trop commun dans notre pauvre société misérable où l'on ne sait plus rien respecter.

Ce que l'on voit aujourd'hui est le vestige d'une activité ayant eu lieu entre 2002 et 2007. Le gestionnaire de l'établissement avait vu très grand et dans cet élan d'optimisme, avait convoqué le talent créateur d'un décorateur de Disneyland.

Leur description des Danaïdes est celle d'un temple inca.

La faillite de l'établissement est dû à une perte de fréquentation, inhérente à plusieurs facteurs. Premièrement une concurrence qui s'est accrue dans les grandes villes proches. Nous sommes ici en réalité à proximité d'une petite ville semi-morte secondaire. Et d'une autre part, le gestionnaire l'exprime : le cadre trop select. Il explique que le monde de la nuit est très sensible ; on le comprend avec tellement d'aisance. Du coup le filtrage à l'entrée a été trop fort. Pas évident.

Il fut prononcé une liquidation judiciaire. Un établissement vendant du matériel agricole fut intéressé par le foncier, mais pour une raison que nous ignorons, l'installation ne fut pas concrétisée. Dès lors, cela fait de longues années que le lieu souffre d'un abandon virulent, laissant libre cours aux vandales. Grosses perte.

Puisse ce documentaire, bien trop tardif comme cela en témoigne, garder mémoire de l'épopée de ce lieu.

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