La maison René
Nous avons reçu les photos d'un voyageur et nous en avons fait la synthèse historique.
Je n’avais jamais vu ça. En 2011 à Longwy, j’avais été confronté à la « Maison de la Sorcière », Diogène, un mètre d’épaisseur de déchets. Ici, maison Diogène aussi et certes, mais aucun déchet. Non il s’agit juste d’accumulation. Dingue. Effarante. On le sait, oui on le sait que ça existe…, mais le visiter c’est encore autre chose, je peux vous l’avouer. Etouffant serait un bon mot.
La maison n’a jamais été visitée par des gens de parcours « urbex » ni n’a été volée. Lorsque j’entre là-dedans, j’essuie des quantités faramineuses de toiles d’araignées (ce qui, première maison d’un séjour itinérant de 15 jours, est loin de m’arranger). La grange est grande ouverte, mais c’est si discret, si peu avenant aussi : terra incognita. Lorsque je ressors de là, je suis fier, je lève le nez comme une truie qui emporte une betterave. Bravache, idiot.
On associe dans l’imaginaire collectif le Diogène comme une personne sale jouant d’accumulations énormes dans une insalubrité terrifiante. René, habitant du lieu, n’était manifestement pas sale. C’était, au vu des livres, disques, un homme cultivé. Il fut probablement un moment de sa vie où il a manqué de quelque chose. Qu’en savons-nous, c’est de la psychologie de comptoir. Reste qu’il a tout gardé, il a tout tout gardé.
Il n’y a même plus d’allées, ce qui traditionnellement est le cas dans les maisons Diogène. Pour visiter, il faut d’abord écarter les draperies de toiles d’araignées, puis enjamber. Espoir pour l’étage ? Un escalier menait là-haut, il a été muré, puis rempli. Un autre escalier, encombré version buches de bois. C’est identique, même pas pire, juste pareil.
Une porte scinde l’étage en deux. Fermée. Dommage et demi-tour. René est né sur la commune en octobre 1908 et décédé en décembre 1977 en même lieu. Des documents nous apprennent qu’il livrait des céréales. Aurait-il été agriculteur ? Nous n’en savons que trop peu. Dans le bazar ambiant, que faire pour étudier ? Saturation inhérente, on s’en doute.
Est-ce que la maison est restée immobile depuis cette année là ? Les journaux présents nous apprennent que c’est incohérent. C’est resté immobile depuis Balladur. Donc 1993. Que s’est-il passé ensuite. Nous l’ignorons. René, sa tombe est cachée dans la végétation. Ce n’est qu’après une recherche acharnée que j’ai réussi à la trouver.
On se plait à imaginer un destin pour la maison. Elle vaut la peine. Antoine a bel et bien vidé la maison de la Louisette, c’est que cela reste possible ! Tout affairé que j’étais à me nettoyer, je n’ai pas entretenu la tombe de René. J’y reviendrai pour sûr.