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octobre - Zelve, 100% pur bonheur Le
petit déjeuner à la pension est assez copieux, et ce sera d'ailleurs le plus correct
du séjour. Du thé, un oeuf à la coque, du concombre, une tomate, de la feta (un
peu plus douce et plus molle que celle qu'on connait),
des olives, du miel, de la confiture (rose ou pêche selon les jours), une
confiture de raisin ressemblant à notre sirop de Liège, du pain frais très bon.
Le début de journée
est pluvieux, ce sera la seule pluie du séjour. Nous partons sur les
routes pour rejoindre le caravansérail
de Saruhan, dit aussi Sarihan.
En turc, ça se dit Kervansaray. Sur la route,
ça mouille fort et en plus, nous faisons un assez long détour à cause
d'une erreur. Après quatre kilomètres, le long d'une nationale peu palpitante,
alors que nous ne demandions rien, un gros camion s'arrête. Nous courrons
le rejoindre et le conducteur nous propose de nous déposer. C'est un
gars qui rigole tout le temps, vraiment sympa. Lorsqu'il voit que Les
Astres ont le sac devant, au niveau du ventre, il tape
sur son ventre en nous disant que son sac, lui il l'a là ; et son gros
ventre bedonnant se met à bouger comme une jelly
anglaise. Oh là là... En fait, ce conducteur n'est pas seul, et à chaque fois
ce sera pareil. Le gars qui accompagne laisse la place assise et il
va s'engoncer tout au fond de la cabine, sur un lit, dans un espace
relativement étroit. C'est dire comme certains ont été serviables.
En
descendant, une tatane complètement pourrie tombe par terre. Alors que le camion
redémarre, je m'en rends compte. Heureusement, ce sont des camions pourris et
ils mettent trois plombes à atteindre les trente kilomètres heure. Ca devait être
comique de me voir courir le long du camion, en criant et gesticulant avec la
tatane à la main ;-) Et il l'a récupérée
!! Un caravansérail,
c'est une place forte, ça ressemble à un petit bastion. Il y en avait un tous
les 40 kilomètres. Ces fortins servaient à la route de la soie, de et jusque la
Chine. 40km, c'était la distance parcourue en une journée avec les chameaux. En
fin de journée, les marchands venaient se réfugier ici avec leurs précieuses marchandises,
à l'abri des pillards. Avec l'avènement des trains et des camions, les transports
avec les dromadaires et les chameaux ont fini par disparaître. Du coup, les gens
ont réutilisé les pierres des caravansérails pour leurs maisons. Il reste très
peu de ces fortins, la plupart ont été complètement démantelés. Celui que nous
visitons a été reconstruit en partie et la rénovation n'est pas toujours fantastique
- mais ils ont fait de leur mieux et ça donne déjà une bonne idée.
Le bastion est rectangulaire et s'organise
sur une large cour centrale. Tout autour, des pièces pour manger et se reposer.
Au fond, une grande pièce qui servait peut-être pour des représentations. Au milieu
de la cour, une fontaine et un lieu de prière. Tout devant, des escaliers très
pentus menant au sommet du fortin : un chemin de ronde. Le lieu n'a qu'une seule
entrée, ornementée de fresques, possédant une porte épaisse.
Le caravansérail de Sarihan. | |
| Après
cette visite, nous rentrons en stop. A peine le pouce tendu, le premier camion
s'arrête. Même sympathie, toujours aussi agréable. Nous mangeons un döner
dans un petit "frit kot". Des étudiantes commandent aussi. Elles sont
en uniforme. Les très jeunes (école primaire) portent une robe entièrement bleue.
Celles du secondaire portent une jupe écossaise avec un collant de couleur variable,
un chemisier blanc, un pull assez fin, souvent gris et une petite veste bleu marine.
Les étudiants quant à eux ont un costume noir et une cravate, à tout âge.
Ergün Özüberk.
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En
début d'après-midi, nous prenons un dolmuş pour Zelve. Un dolmuş, c'est un minibus qui dessert des parcours plutôt
prédéfinis, y compris dans des endroits assez reculés. On peut l'arrêter un peu
n'importe où lorsqu'on est sur le trottoir, tout simplement en tendant
le bras. On paye selon la distance parcourue. Pour être repéré, le dolmuş klaxonne les gens qu'il voit. Si la personne est
intéressée, elle fait signe. L'histoire comme quoi il faut faire passer la somme
à payer de main en main jusqu'au chauffeur me semble être de la légende, je ne
l'ai vu nulle part, on paye souvent en descendant. La différence
avec un bus, c'est que tu peux dire au "shoför" : dis, passe par
la Rue Bidule s'il te plaît. A
Zelve, il y a un "musée en plein air". C'est
en fait un ensemble de trois vallées dont l'accès est payant (5 YTL). Le paysage
est vraiment superbe et la variété de troglos à voir
est impressionnante, nous y passons entre trois et quatre heures. Nous sommes
accueillis par le premier guide (à quatre pattes et qui fait wouaf-wouaf), il nous suit jusqu'à un long tunnel, dans lequel
il ne s'engage pas. A la sortie, nous trouvons un second guide, tout aussi collant.
Le musée est vaste et il n'y a pas grand monde, on est vraiment tranquille. On
va visiter le moindre recoin et cet endroit fait partie des lieux les plus agréables
que nous aurons vus.
Zelve. |
Zelve. | A
la sortie, nous nous dirigeons vers Paşabag, situé
à un kilomètre et quelques vers l'ouest. La lumière sur les montagnes est de toute
beauté, le ciel est noir d'encre. A Paşabag, il
y a déjà un peu plus de touristes, mais il suffit de s'éloigner de quelques dizaines
de mètres pour qu'il n'y ait plus personne, ils restent tous cantonnés dans un
petit rayon autour de l'église et des marchands. Or, juste à côté, il y
a des paysages époustouflants, des aspects lunaires, c'est magnifique. Les cheminées
de fée sont remarquables et étonnantes. Ce sont des colonnes de tuf. L'érosion
a creusé partout et à force, il ne reste plus qu'une espèce de maigre colonne,
surmontée d'un chapeau de roche un peu plus solide et un peu plus brune. Ca donne
un paysage unique au monde.
Retour par la route de Çavuşin.
Encore une fois, le premier qui passe nous prend. C'est un djeunz
bien sympa, son père était dans le Limbourg (possiblement les mines) et lui, il
y a passé quelques années. Au soir, nous prenons un repas au Tafana, qui est un restaurant plutôt correct. Ca ne casse
pas trois pattes à un canard mais au moins, nous ne sommes pas malades ;-)
Paşabag,
les meringues lunaires. | |
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