9
octobre -
Stop
au pied du Hasan Daği
Nous
souhaitons aller à la vallée d'Ihlara. C'est nettement plus excentré et beaucoup moins touristique.
Nous avons beaucoup de route à faire et ce n'est pas du plus facile. Tout le monde
nous dit la même chose : il faut aller jusque Aksaray, puis redescendre plein sud, vers Ihlara. De ce fait, nous nous lançons dans l'aventure.
Le
premier dolmuş, vers Nevşehir,
est blindé de chez blindé. Tout de suite après, nous prenons le bus pour Aksaray.
Seul ennui, il semble motivé à faire une pause d'un quart d'heure tous les cent
mètres, et à ne pas dépasser le 60 km/h en vitesse de pointe. Il y a 120 kilomètres,
c'est plutôt long. A la gare des bus d'Aksaray, une
vraie foire d'empoigne, on nous guide vers un dolmuş
pour Selime. Une heure d'attente. On s'était mal compris,
on croyait que c'était une minute... Du coup, c'est long. Ce dolmuş est un véritable obus. Il me fait plutôt peur.
A destination, ils nous larguent à l'entrée du village qui fait bien ses 3 kilomètres
de long, avec une maison de temps en temps. Les sacs se font lourds, il fait chaud,
nous sommes un peu assaillis par les gosses qui veulent des bonbons. Seçer
seçer qu'ils disent. Et tous, sans exception, crient
Helllooo depuis les jardins.
Alayhani,
depuis le bus.
Faisant
une pause, nous voyons passer un vrai défilé d'ânes et de paysans. A un moment,
une mobylette, 3 km/heure, passe et s'arrête. C'est Mustafa. Dans un franco-turc-germanique,
il nous conseille d'aller à Piri Pension, qui est un
endroit bien, et de toute façon le seul lieu pour dormir dans le coin.
Sur ce, nous y allons, nous disant que les turcs sont bien serviables.
Sur
place, nous nous faisons accrocher par un gars dont je n'ai pas compris le prénom.
Il a l'air mafieux. Il n'inspire absolument pas la confiance. On se retrouve dans
un logement d'une pourriture qui vaut vraiment le détour, et dont le prix est
prohibitif. J'accepte mais je reconnais que c'est de l'arnaque. Il n'y a pas de
lavabo, la douche ET la toilette font un mètre carré, voir photo.
Luxe 5 étoiles, pas de lavabo, fenêtre à moitié
fichue, chasse d'eau qui ne fonctionne pas, espace agréable et très
propre, l'envie de rester des heures. | |
Nous
sommes légèrement démoralisés !
De
plus, le gars se fait lourd, insistant, pour nous guider. De ce fait, nous décidons
de ne pas rester ici dans le trou à rat et d'aller nous promener (seuls). Nous
découvrirons quelques minutes plus tard qu'il y a une autre pension, cent mètres
plus loin. Excusez-moi de cette malpolitesse, vous êtes
des puants.
Nous
partons vers Belissirma en longeant la Melendiz.
Sur la carte, il est marqué que ça ne dépasserait pas les deux kilomètres. En
réalité, il y en a minimum six, et le chemin n'est pas toujours évident. A trois
reprises, nous avons dû demander à des paysans ou paysannes, très serviables d'ailleurs.
La promenade de Selime jusque Belissirma
est intéressante, mais la partie sud de la vallée (Belissirma
- Ihlara) l'est beaucoup plus.
Vallée
d'Ihlara. |
Vallée
d'Ihlara. |
A
Belissirma, nous arrivons à peu près aux alentours de
six heures. Le village est assez démoli, ce n'est pas en super état. Nous allons
voir les églises les plus proches. Direkli Kilise
est intéressante, elle est grande et joyeusement décorée. Bahattin
Kilise est plus petite et très abîmée. Dans les pigeonniers,
nous cherchons St Georges kilise, mais en réalité, encore un problème de carte,
elle était beaucoup plus loin.
Direkli
Kilise.
On
redescend pour le repas. Au premier restaurant, celui près du grand pont, on attend
longtemps, ça sent horriblement mauvais, personne ne s'occupe de nous, alors nous
partons. Lorsque nous sommes déjà loin, un gars nous crie "My
friend, my friend".
Heu... Non, je ne suis pas ton ami...
Du
coup, nous allons au seul et unique autre restaurant (Belissirma
Restaurant). Dedans, c'est tout noir, ça parait fermé, pourtant il y a des gens.
On rentre. On leur demande s'il est possible de manger et ils répondent oui. En
fait, le muzzim venait tout juste de donner le feu vert, vous pouvez
manger maintenant. On est arrivé juste à ce moment là,
ils ont tout lâché pour nous. On leur demande s'ils ont des pide,
ils répondent que les dernières sont sur leur table. Snif... :,-(
Le
repas a été préparé rapidement et c'était vraiment très bon. De plus, au bout
de deux minutes, ils ont ramené un peu de pide. Ils
ont pris des leurs, pour nous. Y'a pas à dire, des gens comme ça, ça remonte le
moral. En partant, ils nous demandent où on va. On leur répond Selime,
à pied. Je vois que le gars fait une tronche vraiment dépitée. Oh là là,
bein vous avez bien du courage vous.
Il avait raison...
Oh
là là, oui... Nous rentrons par la route, parce que
par la vallée, ce n'est pas envisageable. C'est un longue-longue-longue
route qui monte-monte-monte en lacets, c'est tout noir et interminable.
En plus, on file droit vers le Hasan Daği, le double
gigantesque volcan - on le voit en silhouette se détacher avec la lumière de la
lune. C'est à peu près pile-poil l'opposé de notre direction.
C'est
une route complètement déserte. On a bien vu que c'est un véhicule par demi-heure,
en journée en plus, là il fait nuit. Deux voitures arrivent. Je stoppe
mais elles ne s'arrêtent pas. Alors là, on se dit qu'on a vraiment UN DON pour se foutre dans la merde ! Soudain, c'est le miracle. Deux phares,
à nouveau. Je stoppe, il stoppe. Ouf !
Nous
nous retrouvons embarqué dans un van. Dedans, il y a
toute la famille, peut-être les voisins, les oncles des tantes du beau-père. Nous
sommes au milieu de tout un bordel non identifié, il fait noir. A l'arrière, de
nombreuses jeunes femmes qui papotent. Je n'ai vu aucun visage. Je remplis une
main de bonbons, bien chargée, et je la fais passer au milieu des sièges. Avec
la main gauche, j'éclaire le contenu. Tout d'un coup, ça s'anime, ça rit, les
mains viennent chercher les bonbons. On entend des mots incompréhensibles. Alors,
je leurs sors mon fameux et inimitable "Oh là là,
anlamiyorum..." (Ca signifie je ne comprends rien). Alors,
une voix s'élève plus fort et dit "Dank u !"
Et là franchement, tout le monde se marre. On nous soulève le journal posé
sur un seau, ce sont des pommes. On nous invite à en prendre. Ils sont vraiment
gentils ces gens !
Ils
nous larguent quelque part on ne sait pas trop où, mais apparemment pas du tout
loin de notre chère miteuse pension. Nous discutons avec un local. Soudain, on
voit le van au loin freiner, la porte s'ouvrir, le gars faire une marche arrière
à toute vitesse pour nous rejoindre. Ils nous font signe de remonter, alors quoi...
Bein on remonte. Amusé, je leur lance un Merhabaaa
! (bonjour !) Tout le monde se marre encore plus et bien entendu,
on nous redit bonjour ! En fait, le conducteur a fait 100 mètres en marche arrière
pour nous avancer de 100 mètres, effectivement notre pension était là. Ils sont
terribles terribles terribles :)
Le
récit de la nuit vaut la peine, je raconte ça demain.
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