10
octobre La
nuit dans le trou miteux, oh oui ça vaut la peine d'être raconté. A
3 heures du matin, soudainement, c'est le tintamarre. On se croirait
à la fête foraine, sauf que la musique n'est pas spécialement
festive. Le mégaphone hurle à saturation, les fenêtres
vibrent. En fait, c'est le ramazan. Pour réveiller les gens ici, pas de tam-tam. Des
mégaphones sont accrochés au poteau électrique, à quelques dizaines
de mètres de là où on est. Le tintamarre est incroyable. Le bordel a
duré au moins vingt minutes. Et c'est pas fini.
Il est dur de retrouver le sommeil. La prière refait sa réapparition
tout aussi sonore à 5h30. Le sommeil, ça existe ? Franchement,
j'aurais été seul, je serais parti à 4 heures et quelques, sans payer. Au petit
dej, pas beaucoup plus glorieux, mais pas minable tout
de même, des néerlandais sont là. Ils constatent un peu
la même chose que nous, ils signifient au logeur qu'ils partiront au Nemrut
Daği le jour même. La réalité sera bien différente, mais ça on s'en fout.
Nous profitons de leur guide en néerlandais pour remarquer qu'il y est
décrit une pension, supposée pas mal, à Ihlara. Nous décidons d'y aller. Comme les moyens de transports
semblent très limités, nous louons les services d'un des logeurs, un autre Mustafa.
Ce sera cher mais au moins, nous sommes débarrassés aussi sec. A
Ihlara, nous allons donc à Bişlinger Pension. C'est le jour et la nuit. Le type
est sympa, la chambre est propre, correctement organisée, il y a des couvertures,
de l'eau chaude, pas de mauvaise odeur, tout va bien donc. C'est un grand soulagement.
Ca fait même bizarre de trouver enfin un logement correct. On
part quasiment tout de suite pour la vallée d'Ihlara. Attention, le point d'entrée indiqué par le panneau
n'est pas du tout le début de la vallée, on y accède à peu près au tiers. En réalité,
ce n'est pas un drame. Pour tout voir, il faut donc faire les deux rives, une
fois côté droit par rapport à l'entrée, une fois côté gauche. Attention, la rive
sud-est ne semble plus praticable. A
l'entrée, nous sommes accueillis par un guichetier aussi sympa qu'un serveur de
bar estonien - c'est dire comment il est difficile d'en tirer ne serait-ce qu'un
borborygme. Enfin bon, passons... L'accès à la vallée est un très long escalier,
il doit être terrible à la remontée. La vallée d'Ihlara est un canyon dans lequel coule une rivière, la Melendiz. Le fond de ce canyon est très vert et habité par
des dizaines de milliers de peupliers. Dans les falaises de basalte et d'andésite,
quelquefois en mauvais état, on trouve des églises souterraines. Comme partout
ailleurs, les fresques d'Ihlara sont assez abîmées, ne serait-ce qu'à cause du
tag de Mehmet en 2003 - ceci dit, on a la même
chose dans nos églises en Belgique. Autrement, ces fresques sont intéressantes
car elles ont un style très différent de celui de Göreme et Belissirma. Les peintures sont plus naïves, on trouve
de très nombreuses inscriptions en grec. A
noter que j'oubliais de dire que dans une église, le sac à dos des Astres était
à quelques centimètres de valser dans un puits sans échelons. Bien sûr, tous les
papiers d'identité et l'argent dedans. Ca s'est joué à un cheveu et demi de la
catastrophe, quand je vous dis qu'on est spécialiste de la poisse :)
Le
chemin du retour est long. On voit se profiler les silhouettes des jumeaux Hasan,
deux volcans vraiment attirants. J'aurais franchement rêvé d'y grimper, mais la
marche d'approche est bestiale. Evidement, tout est désert autour. Le principe
de démocratie a fait que ce volcan n'a pas été mis au programme. Au
carrefour stratégique, j'insiste un peu pour descendre la longue pente d'Ihlara,
dans l'espoir de trouver à manger. Pfiou, c'était
pas ihlarant... Rien du tout. Du coup, Les Astres m'en veulent et on remonte tout. On achète de quoi manger dans un
Mehmet-Shop et puis basta. De retour à la pension, le
logeur nous propose un repas ! On a tellement mangé le "midi", nous
prendrons juste une petite soupe de légumes et du riz. Idéal, il ne fallait pas
plus. La
nuit est tranquille. Juste quelques bruits d'extra-terrestre à trois heures du
matin, mais rien de comparable avec la tornade hurlante de Selime. |
Sinon
: Départ - Avanos
- Zelve
et Paşabag - Çavuşin,
Vallée Rose |