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octobre - Ortahisar
Au
matin, nous filons vers la vallée blanche. Elle est un peu pénible du point de
vue accès, parce qu'il faut sacrément aller vers le nord pour trouver son entrée.
Ouais, nous les petits malins, on va essayer de couper hein ! Alors, on s'engage
dans ce qui paraît manifestement être un raccourci. Après quelques centaines
de mètres, nous trouvons bien entendu la pente de la mort qui tue.
De ce fait, nous
décidons de longer le bord de la falaise, jusqu'à trouver un endroit qui va. En
passant dans un champ, une femme bien sympathique nous donne trois pommes chacun.
Elles sont petites, très fermes, avec un goût délicieux et elles sont très juteuses.
Au bout de vingt minutes, nous trouvons enfin un moyen de descendre. C'est un
peu pentu, mais ça va bien.
La vallée est assez intéressante,
mais je dirais tout de même que c'est un peu moins bien que la rose ou la rouge.
Dans la partie nord, on trouve un nombre impressionnant de phallus. Certains sont
franchement ridicules, ça fait bien rire. On profite d'un peu d'ombre pour prendre
un repas léger, pain et miel. Sur le chemin du retour, nous croisons des femmes
dans les champs. C'est un peu systématique, les hommes sont en terrasse en train
de prendre un thé tandis que les femmes déterrent les patates, portent les fagots...
La vallée blanche. | |
Le
retour vers Göreme est très lourd de chaleur, on cuit.
Sur place, nous acceptons les services d'un gars qui nous propose un trajet vers
Ortahisar. C'est un peu cher, mais la chaleur nous empêche
manifestement d'y aller à pied. Nous faisons le trajet en Renault 12. C'est le
grand standard là-bas, il y en a véritablement partout.
A
Ortahisar, cette fois-ci, nous allons jusqu'au piton.
Il n'y a pas d'entrée payante, on y accède en passant entre des maisons, un passage
qui vraiment pose des questions, est-on chez quelqu'un ou non ? Au fur et à mesure,
on approche le piton, jusqu'à trouver un escalier pas très bien entretenu, rentrant
dans le dédale. Ce lieu est fantastique. C'est vraiment l'illustration de la machine
infernale de Hayao Miyazaki : le château ambulant. La
grande pierre déglinguée est creusée de toutes parts de manière complètement anarchique.
Ca monte dans un dédale de galeries biscornues, le plus souvent le long de roches
à l'épaisseur quasiment symbolique. On se demande comment ça tient et pourtant,
pas une seule fois le sentiment d'insécurité. Ah là là, c'est pas un endroit pour une vieille mamie poussive,
mais qu'est-ce que ça vaut le coup. Le paysage est très beau, la visite mémorable.
Dans le piton d'Ortahisar. |
La vue du village d'Ortahisar. |
Une
fois revenu les pieds sur terre, nous faisons un petit tour dans un magasin d'onyx
situé juste à côté. Nous visitons l'atelier de fabrication.
Celui qui ponce les pièces ne possède aucune protection. C'est la silicose assurée...
Nous profitons de cette occasion pour acheter quelques pièces - au moins
ça ne vient pas du Pakistan.
Chemin
du retour, il n'est pas encore trop tard, alors nous nous dépêchons de rejoindre
Aynali Kilise, afin de retrouver Süleyman et lui dire au revoir.
Sur place, tout est ouvert, mais personne. (??) Quelques instants plus tard, nous
le verrons sortir de l'église, encore ensommeillé. Le ramazan,
c'est dur. Il roupillait dans un coin. Comme il fait froid, il nous loge dans
un petit recoin de l'église. Thé et re-thé et rerere-thé, après deux bonnes heures de discussion, il nous
invite chez lui, pour manger. Au niveau communication, ce ne sera pas facile,
mais c'est une occasion unique.
Süleyman
découvre un cyalume et il n'en revient pas. Il dit quelque
chose comme "wallah-allah", de l'air de dire
"J'y crois paaas". Après quelques derniers
instants dans l'église, nous rentrons les sièges et les fleurs, puis nous repartons
pour Ortahisar, chez lui. Lorsque le ramazan
se termine, trente secondes après, il coupe un morceau de pain et nous en donne.
Dans
sa maison, nous sommes accueillis par Nadie, sa femme.
Ils préparent la table. Pour protéger le tapis, ils tirent la nappe sur leurs
genoux, ils en font de même pour nous. Il y a beaucoup de pain, les Turcs semblent
adorer le pain. Le repas est avalé à une vitesse supersonique. Oui c'est clair,
ils devaient vraiment avoir faim ! Nous bien sûr, on peine un peu, mais on est
bien contents d'être là. Après ce repas, tandis que Nadie
est appelée par quelqu'un à l'extérieur, Süleyman tente de trouver une chaîne
belge parmi... ses 500 et quelques chaînes de télé.
Le
remerciant, nous prenons congé, parce que nous avons le chemin du retour à faire
et nous sommes complètement vannés. Il nous accompagne jusqu'au croisement, nous
ne nous perdrons pas cette fois. Sur la route déserte, il passe un camion, type
sprinter. Miracle ! Je tends le pouce et il nous prend. Cool, ça fera déjà ça
de fatigue en moins. Le trajet est rapide et nous arrivons à destination en moins
de temps qu'il ne faut pour le dire. Le marchand de sable passe avec des brouettes
pleines.
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